Quand dans mes songes les plus intimes, et qu’au feu d’Éros je calcine, dans la cuisine d’Aphrodite je me laisse aller aux recettes interdites. Je ne suis point maître queux, mais fin gourmet sans aucun doute ; plaisir de chair et de bouche sont intimement liés…

S’il est des temps de famine qui trop longtemps ne dure, rien n’empêche l’esprit de se laisser aller à de lâche et salvatrice bacchanale.

Amour brulant

Ce regard qui me hante… Je n’ai qu’une envie, plonger dans le lagon pastel de ses yeux. Un baiser suave et sucré en guise d’apéritif. Tandis que le bout de mes doigts part à la conquête d’un monde toujours renouvelé. De ses lèvres chaudes et charnues, je ne me lasserais pas, mais il est temps de couvrir son corps de bisous doux et ardent des miennes, ardentes et douces, il est temps d’en couvrir son corps de déesse…

Poser mon nez dans le creux de son cou, sentir de tout mon saoul son odeur enivrante. Je savoure le doux grain de sa peau, et ne voudrais cesser qu’au dernier centimètre inconnu

Au creux de son décolleté, je devinais ce grain de beauté, le voici libre à présent, libre et heureux sous la caresse de mes lèvres. Peu importe qu’il soit petit ou gros, ils sont doux et gorgés du plaisir en train de monter. Irrépressible envie de mordiller ce téton turgescent qui palpite sous la langue au rythme de son cœur, trop gourmand je suis, je ne sais plus à quel sein me vouer…

Cette entrée m’a mis en appétit…

Il est temps de poursuivre ce divin menu…

Le coup du milieu, cratère ombilical, certains gastronomes le nomment le sot-l’y-laisse…

Si l’escalade du mont de Vénus ne pose pas de problème nul n’est besoin de se presser.

Des fois, il faudra défricher un peu, se frayer un passage, des fois non…

La tentation est forte alors de se jeter enfin sur le principal, la route est directe et sans surprise, mais les chemins de traverse ont aussi leur charme. Un petit en cas, une bonne gigue ferme et à point, juste dans le blanc, là vers l’intérieur, douceur exquise, juste accompagnement du meilleur des plats

Il est temps maintenant, tous les sens en éveil ! Correctement apprêtée, voici le divin met.  Nul besoin de couvert, encore moins de baguette ; bouche et doigts se suffisent à la délectation.

Fin et raffiné, ne pas être morfal, une telle spécialité se savoure.

Je plonge délicatement dans ce calice tant convoité. Lapant, aspirant, mordillant, la bouche explose de mille saveurs. Pour unique et grande récompense, seulement si la cuisson est à point, sentir le diablotin sortir de sa cache. Regardez-le avant de l’aspirer goulûment ! Frisson garanti…

Monsieur l’addition, je finis mon service… Je n’aurais pas de dessert, petite douceur sucrée…
Pas cette fois-ci…
Encore… Mon songe s’enfuit dans la coupelle sale d’un garçon de café, au milieu de menue monnaie. Il n’aura pas de pourboire… Elle reviendra, une nuit peut-être… Sûrement…