J’ai un peu, voire beaucoup, de mal à écrire en ce moment. Pas une question d’inspiration, mais plutôt de mise en oeuvre, de transcription de l’esprit à l’écrit ! Je regarde ma feuille blanche, que ce soit à l’écran ou sur la table, le clavier ou le stylo, les phrases sont là, les mots à peu prêt organisé, dans un coin de ma tête. Seul le transfert pose problème. Une sorte de flemme, de procrastination, pour reprendre un mot devenu à la mode…

Cet après-midi, je me suis fait violence, j’ai été voir le thème de la semaine des impromptus littéraires, j’ai pris le MacBook et j’ai été m’installer dehors, au soleil, la consigne de ressortir deux heures après avec un texte à peu prêt publiable…

Alors voilà, je vais essayer de m’y remettre un peu, parce que l’air de rien, cela me manque ;-)

Le thème était donc :

Le poète Aimé Césaire a écrit : Le crayon de Dieu lui-même n’est pas sans gomme.

Prenant cette phrase comme incipit, proposez-nous un texte en prose ou en vers…


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Le crayon de Dieu lui-même n’est pas sans gomme ! Souvenez-vous en au lors de votre décision finale !
Maître Aunomme jaugea les jurés qu’il n’eût pas quitté des yeux, ou presque, pendant l’heure que dura sa plaidoirie. Toujours difficile de savoir, dans ce moment où l’ultime conviction peut être si volatile !
Puis il se tourna vers les magistrats. Aguerris à ce jeu de scène, ces derniers ne laissèrent paraître aucun sentiment.
Enfin il dévisagea le public venu nombreux, il aurait bien aimé quelques applaudissements, tel le comédien après sa tirade, malheureusement il avait choisi, à regret certains soirs de blues, d’autres planches pour exercer ses talents. Des planches où trop souvent, quand applaudissement il y a, ils sont bien trop malsains pour s’en réjouir ; trop plein de haine, de vengeance, de bassesse humaine !
Il remarqua quelques journalistes qui, tapotant sur leur téléphone, envoyaient leurs papiers, leurs critiques. À peine s’était-il tu que déjà le monde entier pouvait savoir ce qu’il avait dit.
Enfin, il regarda son client, avec un petit sourire comme pour lui dire : « ne vous inquiétez pas, j’ai été bon ! »
Et il le pensait ! Non seulement il avait démontré certaines failles de l’enquête, mais aussi l’inutilité de la peine maximum, face à un homme qui n’avait failli que par accident ! En d’autres temps, c’est sa tête qui aurait été en jeux ! Il a plaidé comme si l’on avait été dans l’autre temps !
Satisfaction supplémentaire, il avait placé cette phrase d’Aymé Césaire sur le crayon de Dieu, et encore en conclusion, excusez du peu ! Petits jeux avec sa chère et tendre confrère, sur le banc comme dans la vie.
Amusement, pour dédramatiser la tension de ce type de procès, intime secret entre eux…
En allant se rasseoir, il la croise, c’est son tour, l’ultime plaidoirie, il lui met la main sur l’épaule pour l’encourager…
Il se demande bien comment elle va placer son : « sans injustice, y aurait-il encore besoin de justice ? » Souvenir lointain d’un bac blanc de philo…