Le 05 septembre 1923, un homme et une femme se marièrent. Lui était le dernier descendant, le dernier du nom de sa branche. Eux, ce sont mes grands parents paternels. Quatre-vingt-sept ans plus tard, nous étions 171 descendants à fêter, comme tous les deux ans maintenant, cette grande famille que nous sommes redevenus.
De ses deux jeunes mariés sont nées douze enfants. Ces douze enfants m’ont offert 3 frères et 39 cousins et cousines (soit 43 petits enfants pour mes grands parents) que je connais tous. Ce chiffre a largement doublé avec la quatrième génération qui commence maintenant à assurer la survie de la tribu puisque la cinquième génération pointe le bout de son nez avec déjà 4 petits bouts de choux !
Si je parle de cela, c’est qu’aujourd’hui je mesure ma chance de faire partie d’une grande famille qui s’entend bien. Souvent dans les conversations, j’entends pique et pendre d’histoire familiale plus que glauque, de guerre fratricide, de cousin banni, d’héritage meurtrier, de guerre de tranchées… Tout ce qui est le contraire de ma conception familiale. Et pour cause, je n’ai pas connu cela, ai vécu dans une harmonie familiale proche et éloignée faite de respect et d’amours.
J’ai toujours été étonné par le faible taux de divorce, comparé au taux national. 1 seul chez les 12, 4 ou 5 chez mes cousins. Et ce n’est pas un côté faux derche de façade, juste une réalité qui semble bien s’appeler amour quand je les regarde du coin de l’œil, même bien des années plus tard…
Certes me diront certains le tableau ne peut pas être si rose. C’est vrai, il y a bien comme partout des secrets de famille, mais ils sont bien souvent de polichinelle, pas très graves, et si l’on n’en parle pas, c’est plus par respect que pour autre chose. Une ou deux entorses à cette entente familiale, que la cohésion du reste du groupe tente d’arranger par le dialogue et la compréhension, mais dans l’ensemble, ce que voulaient mes grands parents est maintenu : nous formons une tribu et si l’un de nous à besoins d’aides, d’une manière ou d’une autre la solidarité jouera. Héritage typique de la solidarité propre aux grandes familles protestantes, vous diront certains, je ne sais pas, mais le fait est…
Remarquez que notre histoire ne date pas d’hier puisque le premier ascendant reconnu et certain est né vers 1590. Il y en a d’autres avant, mais des trous généalogiques empêchent la certitude de la filiation. Un arrière grand-oncle, puis mon grand père avaient entrepris d’écrire l’histoire familiale. Un livre de 806 pages en est né. Véritable bible familiale, Plus qu’une simple généalogie, c’est l’histoire de la famille, avec anecdote, bonheur ou malheurs. C’est aussi les multiples branches qui sont créées au fils des générations. Connaître cette histoire est une chance inestimable. Savoir que mon premier ancêtre connu était tanneur de peau à Montélimar aux XVes siècles me fait toujours sourire…
Ce livre, voici un an que j’ai entrepris de le numériser pour pouvoir en faire une troisième édition. La première a été tirée à une cinquantaines d’exemplaire dont certains, par le jeu des héritages ont atterri dans des mains non familiales… La deuxième, celle de mon grand père, dont je possède une édition a été tirée à l’époque à 125 exemplaires. Il est donc temps d’en faire une troisième pour les générations futures, et au passage, en profiter pour faire une mise à jour généalogique, puisque la dernière remonte à 1976…
Quoi qu’il en soit, ce week-end fut donc celui de la cousinade, jamais nous n’avions été si nombreux, et je suis certain que mes grands parents s’ils avaient encore été de ce monde auraient été heureux de voir ce qu’était devenue leur descendance…
Rendez-vous a déjà été pris pour 2012… pourvu que cela dure !
9 réactions
1 De jathenais - 01/09/2010, 16:31
Moi qui suis issue d'une famille à la con, je suis toujours autant surprise qu'admirative face à de grandes tribus comme la tienne ! Et pourtant pas envieuse, j'ai beau réfléchir, à part quelques gènes, je n'ai pas grand chose en commun et strictement rien à raconter à 90% des membres identifiés de ma "famille", et ne plus me contraindre à les voir sous prétexte que nous avons des ancêtres communs est sans doute le plus grand progrès que j'ai pu faire ces dernières années. Je suis cependant ravie de constater que je ne vis pas dans un modèle absolu, et qu'il y en a où la transmission et le partage sont légion. Pourvu que ça dure
2 De Anne - 01/09/2010, 16:50
J'adore ce billet, les histoires des familles heureuses, c'est tellement.... ça que devrait être la vie !
3 De Cunégonde - 01/09/2010, 21:03
La famille m'énerve qu'il m'arrive de me réjouir d'en être loin. Et je sais que d'en être loin n'aide pas à resserrer les liens. Alors je trouve ton histoire très belle.
4 De Otir - 02/09/2010, 06:42
Issue aussi d'une famille "tribue", l'éloignement me pèse souvent, et je rate régulièrement les grands rassemblements. M'étant mariée dans une famille "arbre sec" comme je l'appelle explique peut-être qu'on ait divorcé : il faut se marier dans les tribus, ou accepter d'en faire partie !
(ps: mon grand-père était tanneur, ça remonte moins loin dans le temps que pour toi, et je hume encore un de ses cartables dont j'ai hérité.)
5 De Louisianne - 02/09/2010, 09:28
C'est génial ! Le dernier du nom a fait fort ! Moi aussi je viens d'une tribu où il n'y a pas de guéguerre et où on se connait tous ! Par contre depuis la mort de l'aïeule (ma grand mère maternelle) à 92 ans, on a pas fait de rassemblement, dommage ! Il va falloir que je lance la mode !
Et ce livre, c'est génial, il faut le continuer !
Bon là je joue les instits, désolée, mais tu m'as fait mourir de rire avec ton "pique et pendre"... Je ne connaissais pas ! Mais je connais "pis que pendre" ! Je vais enquêter !
6 De Gilsoub - 02/09/2010, 11:55
@Jathenais: C'est bien pour cela que je dis que j'ai de la chance, et puis bien sur, parmis les cousin il y a ceux avec qui on a plus d'affinité... mais bon sur 43, pas difficile d'être avec ceux que l'on veut
@Anne: Bien d'accord cela devrait...
@Cunégonde: Chaque famille à son histoire, mais si l'on peut ressérer les liens, surtout il faut le faire
@Otir: Il y en a aussi des expatrié que l'on voit peu, mais cela n'empêche pas les nouvelles Dans la famille il y a peut de "morceau choisie" issue de famille-tribu, mais c'est certain que tu te marie aussi avec la famille, et là, il faut le supporter
@Louisianne: Ne fait pas de grande recherche, je connaissait aussi le "pis que pendre" le "pique et pendre" est de mon cru, du moins il me semble, et tout a fait volontaire! je trouve l'image juste et qui veut bien dire ce que je pense. La foule en délire fourche à la main en train de crier face au gibet
7 De Valérie de Haute Savoie - 02/09/2010, 13:30
Je ne sais si j'aimerai faire partie d'une tribu, j'aime retrouver mes frères et soeurs, mes parents, mes cousins, mais certains membres de ma famille et de celle de JP font que l'idée de tribu me tente guère.
8 De Louisianne - 02/09/2010, 15:27
Amusant chez moi c'est aussi un billet "tribal" mais plus petit ! Mes deux soeurs et mon frère !
Je suis sure que nous aussi plus tard, quand tous nos rejetons seront mariés (ou pacsés on s'en fout) et parents, nous ferons de grandes "cousinades", mes filles ont déjà commencé à inviter tous les cousins, car déjà il y a de l'éloignement géographique dans l'air (mon neveu est à New York pour un an) !
9 De Gilsoub - 02/09/2010, 16:19
@Valérie: C'est sur que si c'est la guerre...
@Louisianne: Faite, faite c'est chiant à organiser, mais c'est super à vivre!