Voilà ce qu’aurait pu redire ce sauvageon de petit Gibus aujourd’hui à son juge si Pergaud avait été de ce siècle…

« Si on écrivait La Guerre des boutons aujourd’hui, je suis convaincu qu’ils finiraient tous en prison… » 

C’est sur cette boutade que Bertrand Rothé dit avoir eu l’idée de ce livre. Partant du roman que Louis Pergaud avait écrit en 1912, il a transposé l’histoire en 2010, remplaçant les deux villages rivaux de campagne par deux de nos charmantes cités de banlieue. Pour le reste il est resté fidèle à la version originale, même personnage, même fait, même chasse aux boutons !

Qui n’a pas lus la guerre des boutons ? Certainement un classique de la littérature, si ce n’est enfantine, du moins adolescente. Pour ma part, c’est à l’école que je l’ai lu la première fois. Si les aventures des bandes de Longverne et Velran m’avaient beaucoup amusé, je ne me souviens pas y avoir perçu, ni qu’un prof nous le fasse percevoir, la moindre once de cruauté ou de méchanceté . Le souvenir que j’en ai aujourd’hui, une histoire de bande rivale, avec des jeux de gamins qui, s’ils sont rudes, n’en restaient pas moins imaginatifs ! Certainement que la version édulcorée d’Yves Boisset, sortie au cinéma en 1961, y est pour quelque chose dans ce souvenir. Bref, en aucun cas je ne me rappelle avoir lu une histoire dure et méchante.
C’est donc une nouvelle vision de « La guerre des boutons » que j’ai eue en lisant « Lebrac, 3 mois de prison… » . Bertrand Rothé a rencontré magistrat, avocat, éducateur, policier en leur demandant ce que risquerait aujourd’hui Lebrac et ses camarades. On mesure mieux l’évolution de la société sur son rapport avec la violence des jeunes en un siècle seulement. De ce qui est grave ou pas, des bêtises d’une époque, devenue crime cent ans plus tard. Comment Lebrac, chef de bande, se retrouve dans les rouages de la justice suite à la plainte de la mère de l’Aztec pour violence sur son fils… 
Voilà un livre que je ne saurais trop vous conseiller de lire, en attendant, moi, je vais me replonger dans « la guerre des boutons » version Pergaud pour voir s’il est si violent que cela…


Lebrac, 3 mois de prison...


Lebrac, 3 mois de prison… de Bertrand Rothé
Edition du Seuil