En plongeant dans mes vieilles diapos pour les numériser, je suis retombé sur ce qui a certainement été ma premiére dans ce type de pélicule !

Mon père avait une petite boite de régie publicitaire, et travaillait entre autres pour voile et voilier. Dans ses clients se trouvait Plastimo, important fabricant de matériel nautique et donc gros annonceur dans le journal. Un jour, il avait dû parler de son ado qui rêvait mer, voile, tour du monde et grande course. Qui suivait et enregistrait tous les soirs sur Europe 1 la demi-heure consacrée aux transats, avec l’énoncé des positions des uns et des autres, et qui le reportait sur la grande carte trouvée dans un journal. Bref de cet ado qui les emmerdait pour aller faire de la voile ! ce client lui avait alors proposé de m’inviter pour le départ de la deuxième transat en double, soit une course à deux sur un bateau pour un aller-retour Lorient — les Bermudes — Lorient.

Petit aparté, sur ce coup, internet m’a vraiment déçu, très peu d’information sur cette course, disséminée à droite ou à gauche. Guère plus que les 5 premiers du podium, impossible de trouver la liste des participants, il m’a fallu finasser en recherchant les grands marins de l’époque, pour remettre des skippers sur des bateaux !

Donc, me voilà un samedi matin prenant le train pour Lorient, avec dans ma musette mon Canon AE-1 racheté à un pote et un zoom piqué à un autre. On rajoute quelques pellicules diapo et j’étais fin prêt, heureux et anxieux en même temps.

Accompagné de mon guide, me voici dans le port de Lorient. Ce n’était que les prémices de la professionnalisation de la voile, et une des premières fois où la quasi-totalité des bateaux portait un nom de sponsor. Beaucoup d’amateurs se lançaient dans l’aventure, je crois que 58 participants étaient inscrits. 

Une autre époque ! La monotypie n’existait pas, et il n’y avait pas deux voiliers qui se ressemblaient. Des engins improbables comme le Prao, ou comme ce cata avec un mat sur chaque coque côtoyaient de longs monocoques ou multi plus classique. Le début de la folie des foilers aussi, ces bateaux qui devaient voler sur l’eau ! Un véritable laboratoire de machine folle sortie d’on ne sait quels cerveaux. C’était encore la voile à la dure, peu d’enrouleurs pour les voiles d’avant, même chez les grands! Il faut dire que c’était nouveau et peu fiable ! Des gréements bien souvent trés classiques, et même des bateaux de série côtoyant les monstres des mer…

C’était encore à la bonne franquette. Aucun sbire à l’entrée pour vous empécher d’aller voir de près ce qui se passait. Pas besoin de laissez-passer pour arriver au quai, les marins étaient accessibles sans cordon de garde du corps devant les plus grands. J’ai pu ainsi saluer Tabarly, Pageot ou Birch. Aujourd’hui, dans le règne de la communication et de l’événementiel, peu de risque que le péquin moyen juste un peu amateur puisse, sans relation aucune, approcher de près les machines qui le font rêver et ceux qui les conduisent. C’est devenus un sport de très haut niveau et les champions sont protégé, chouchouté et caché… les voiliers des vraies mécaniques de précision et on ne prendra pas le risque que quelqu’un puisse l’abimer. C’est devenus un sport médiatisé, à juste titre, mais aujourd’hui il y a peu de chance que l’on me laisse la liberté d’aller avec mon appareil photo sans que personne ne me demande qui je suis et ou est mon accréditation ! Les photos doivent êtres prise dans un cadre stricte allant dans le sens de l’image voulus et codifié bien à l’avance ! Vous êtes gentils de rester sur l’estrade photographe et vous avez trois minutes pour prendre votre photo ! et de toute façon, mon badge n’as pas la bonne couleur pour accéder au quai que je voudrais.

Le monde de la communication moderne, je le sais trop bien par mon métier, est maintenant quadrillé, contrôlé, surveillé. On ne prend plus une image, on la crée, et l’ont est prié de faire comme l’ont définis des conseillers en communication payé trés chers…

Bref je me rends compte aujourd’hui de la chance que j’ai eu… 


Le lendemain, j’étais sur un bateau affrété pour Plastimo, pas un gros pour les VIP, comme ceux que j’ai pu voir, et qui se contentait de faire des ronds dans l’eau, surchargé de gens buvant des coupes de champagne, et laissant peu de place au photographe que je voulais être ! non, juste une petite vedette affectée pour quelques personnels de la société. Elle se balade partout, allait de bateau en bateau, et a été une de celle qui a accompagné le plus loin les participants, tandis que tous les autres étaient déjà de retour au port pour le cocktail rituel des VIP… 

Sur ce bateau, on me laissait circuler à ma guise… 

Oui j’ai vraiment eu de la chance… Il est juste dommage que côté photos, je n’étais peut-être pas complètement au point ;-)

J’ai scanné environ 200 diapos, beaucoup sont à jeter, je vais en montrer quelques unes et proposerais les autres en galerie…

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Comme à la veille de tout départ, ce sont les derniers bricolages et vérifications…

transat en double 1983


Pas encore de fibre de carbone, mais du stratifié, et quand il faut chauffer le système D est de rigueur !

transat en double 1983
Brittany Ferry skipper par halvard Mabire et Daniel Gilard, finiront à la 4e place en 22 jours…
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Le fameux trimaran tout aluminium et foiler qui se voulait révolutionnaire ; le Paul Ricard des frères Tabarly (Eric et Patrick) qui devra abandonner…

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Petit et gros bateaux…
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Le fameux Jaz de Bruno Peyron (et oui, déjà lui !) et Gilles Mallet, avec ses 2 mats, un sur chaque coques. Ils finiront 11e en 29 jours…
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Le Biotherm de Florence Arthaud, la petite fiancée des mers (pas trouvé qui était son (ou sa) coéquipier, ni si elle finis la course…

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