Il est bien trop tôt et pourtant il marche dans cette rue, la tête encore embrumée des odeurs de son corps. Il pleut de ce crachin qui sait vous transpercer jusqu’à l’os. Le ciel gris semble peser de tout son poids sur lui, l’enserrant dans une chape de culpabilité…
Au fond, il serait bien resté lové au chaud d’elle, faisant frissonner du bout de ses doigts sa peau si douce. Il aurait bien savouré encore un peu le goût de ses lèvres. Non plus qu’il ne se lasse de boire à son calice intime. Jamais, il le sait, il ne se fatiguera de ce qui le fait homme, de ce qui la fait femme !

Et pourtant il est parti, se jurant qu’il ne là reverra plus, promesse d’ivrogne comme d’habitude… Demain, elle rappellera, comme d’habitude, il se lèvera, comme d’habitude, et la rejoindra, comme d’habitude…

Il pleut toujours, les gouttes noyant ses larmes. Se reprendre, se réajuster, et puis rentrer chez soi, comme à la fin de chacune de ses nuits de travail ; du moins du temps où il n’était pas au chômage. Un jour, il le sait, elle l’apprendra, c’est inéluctable. Pour le moment, elle l’attend, comme tous les matins, son petit déjeuner est prêt. Après il ira se coucher. C’est qu’il l’aime aussi sa petite femme, pour le meilleur, et bientôt pour le pire… En attendant, il restait un mari modèle…



Londres au petit matin -Février 2011

Londres


Petit texte proposé aussi pour les impromptus littéraire que j’ai un peu délaissé ces derniers temps…