Il est là, pas très grand, dans son costard tout neuf et sans faux plis. La cravate rose amène cette petite touche de jovialité raccord avec la jeunesse du bonhomme. Cela fait déjà 10 minutes qu’il est monté sur scène. L’on sent bien que l’appréhension du début à disparus. Il est à l’aise avec son discours, ce qui n’est pas difficile puisque finalement il se contente de lire les slides qu’il présente à un public faussement attentif. Mais il faut assurer, dans ce langage fleuri propre à ceux, qui au sein de l’entreprise s’occupent des sous, du grisbi, de la fraiche !

Et on parle clients, part de marché, les camemberts défilent, les tableaux illisibles sur le 3 mètres de bases de l’écran, les commerciaux dans la salle consultent leur BlackBerry, s’envoient des messages… et que je te balance du benchmark, du B To B ou du market place !

Et brusquement, la petite phrase qui fait tilt à mon esprit grivois et pas toujours placé là où il faudrait. Il parle de la crise passée, de la fluctuation des taux, du va-et-vient des commandes et assène à la foule neurasthénique l’évidente sentence :

Le taux de pénétration augmente en fonction de la taille



Les BlackBerry continus à occuper leur possesseur, les têtes lourdes continuent à essayer de ne pas sombrer, l’économie du monde ne s’est pas encore arrêtée… je m’aperçois que depuis mon poste de garde, je dois être le seul à suivre un truc dont je n’ai rien à foutre…