Vendredi, je me suis fait un après-midi expos photo, passant allégrement de la noirceur de Clark, à la luminosité colorée de Depardon !

Clark, je l’avais découvert la semaine dernière dans un article des Inrock. J’avoue que j’étais un peu mitigé, et que s’il n’y avait pas eu cette fameuse polémique, je pense que je n’y serais pas allé. D’abord, il faut bien le dire, j’ai une sainte horreur de la censure, et les photos présentées jusque-là, comme celle qui a fait la une de Libé, était plutôt gentillette, tirant plus sur l’érotisme que sur le pur plan cul, ensuite, le corollaire étant que je me méfie également des grands discours et des polémiques montées de toutes pièces, et j’aime bien me faire ma propre opinion. 

Alors, soyons clairs, je ne suis pas spécialement puritain, le porno ne me gêne pas plus que cela, mais dans le cas qui nous intéresse, l’interdiction au moins de 18 ans me semble tout à fait justifiée. Même si cela ne concerne qu’une dizaine de photos, et ne me choque pas personnellement, je suis un grand garçon majeur et vacciné qui en a vu d’autre, je pense que ces 10 photos ne sont pas adaptées à tout public, et qu’à un moment donné, il est bon de mettre quelques barrières. Soyons précis, il s’agit de sexe en érection et d’image de pénétration sans aucun érotisme de façade. De la photo crue, à l’image du style de Clark. Au vu des mœurs d’aujourd’hui, l’on aurait pu abaisser cette limite à 16 ans, et même si les plus jeunes peuvent voir pire sur internet, ce n’est pas, à mes yeux, une excuse pour lever cette interdiction. L’art ne peut pas tout justifier non plus. Il faut arrêter un peu ce genre de discours démagogique qui voudrait qu’il n’y ait aucune barrière ni interdiction dès que l’on parle domaine artistique. 

Je dois avouer que sur ces dix photos « sexe », personnellement, il n’y en a que trois qui trouvent un intérêt à mes yeux… Ceci n’est que mon avis et n’engage que moi, maintenant si vous voulez vous faire une idée, allez voir l’expo ou tapez simplement Larry Clark sur Google photo. Sinon j’envoie le lien vers les dix photos à toutes personnes majeures (donc en gros que je connais!) sur simple demande… Ne rigolez pas, je peux être poursuivi pour avoir mis un lien vers des photos qui peuvent être considérées comme pornographique sur mon site lu aussi par des mineurs (si, si j’ai des noms !)… Et vu le nombre de culs bénis qui hante le net pour imposer leurs morales…

Après ce petit grand préambule qui me paraissait nécessaire, parlons quand même un peu de cette expo.


Crédit photos: Larry Clark

©Larry Clark

©Larry Clark
Comme je le disais, je découvrais ce photographe, et en dehors de la polémique, il faut bien dire qu’il ne manque pas d’attrait et de force dans sa façon de mettre en image la marginalité d’une adolescence en dérive. Le contraste du noir et blanc, le grain de l’image, la précision de certains tirages, donne une force incroyable à ces images, et mettent bien souvent mal à l’aise face à une réalité trop souvent occultée. Le monde de la drogue et du sexe mis en image sans faux-semblant. Difficile de sortir de là indemne. Je préviens les âmes sensibles qui seraient tentées d’aller voir l’expo qu’il y a des images très dures. En résumé, un très bon photographe, un style difficile, des photos choc, mais belle, mais dure, mais… Dommage peut être qu’il y a eu cette polémique qui a mis le doigt sur un aspect marginal de l’œuvre présenté, marginal et, à mes yeux de loin la moins intéressante… Mais peut-être que c’était juste pour le coup pub, hum ? Je m’interroge…

C’est jusqu’au 2 janvier 2011 au Musée d’art moderne de la ville de Paris 11, avenue du Président Wilson Paris 16 et n’oubliez pas, c’est interdit au moins de 18 ans ;-)



D’une expo à l’autre, je traverse tout Paris pour me rendre à la BNF, voir la France vue par un grand monsieur de l’image : Raymond Depardon. Depuis 2004, il parcourt seul la France au volant de son camping-car, et s’arrête ici et là pour photographier ce qu’il appelle la vraie France, celle des villes et des villages. Pour ce faire, il ne se contente pas d’un simple appareil photo, il utilise une chambre 20X24. Outre la qualité d’image, qui lui permet sans peine de faire des tirages de 2 m de haut, cela oblige à prendre son temps et facilite les contacts avec les gens.


Crédit photo : R.Depardon/Magnum

©R.Depardon/Magnum
Il faut sortir le pied, monter la chambre, viser sur le verre dépoli, l’image étant inversé, puis quand on est content de son cadrage, sortir le plan-film, le préparer, le mettre en place, se cacher sous la cape, prendre sa photo, récupérer le plan-film, le mettre à l’abri de la lumière et, pourquoi pas recommencer. Ceci explique certainement le soin pris au cadrage. L’on peut passer des heures devant ses jolies photos, à les décortiquer, pour en comprendre toute la quintessence. Si l’on rajoute un tirage volontairement saturé en couleur et en luminosité, d’environ 2 m de haut, l’on a devant nous un nouveau chef d’œuvre de la photographie française qui feront certainement date dans l’iconographie anthropologique si chère à Depardon. À ne rater sous aucun prétexte si vous êtes sur Paris.
Et moi, du coup je rêve de Chambre photographique… 


Crédit photos : R.Depardon/Magnum

©R.Depardon/Magnum

©R.Depardon/Magnum
Cela se passe à la BNF jusqu’au 09 janvier 2011.


[NdR] Toute les photos illustrant ce billet sont de Larry Clark ou de Raymond Depardon. Je les ai mise à titre d’exemple du travail de ces deux artistes. Bien entendus si les auteurs ou leur ayants droit le demande, elles seront retiré immédiatement.