Quand le téléphone a sonné, la chance m’offrit derechef une place où poser la voiture le temps de la conversation. En écoutant mon interlocuteur, j’observais l’agitation aux carrefours d’en face. Entre piéton intrépide, cycliste suicidaire et feux grillés par de belles berlines, le spectacle est vite prenant. Et puis ils sont arrivés…

La belle est descendue du scooter et rapidement à enlever son casque, découvrant de longs cheveux d’une blondeur que je ne saurais juger naturelle ou pas. Une jupe droite s'arrêtant à mi-cuisse, de belles jambes galbées dans un collant leur donnant un joli brillant, des talons aiguilles pas trop aguicheur faisant ressortir la rondeur d’un aguichant fessier.

Une taille agréable et une poitrine joliment proportionnée. Je dirais la trentaine, belle et le sachant, le charme naturel renforcé par un beau sourire. 

À peines effacées les traces du voyage, le casque rangé dans le top-case, c’est goulûment qu’elle mangea la bouche de son chauffeur. Un de ses longs baisers qui nous donne la certitude de l’amour, de cette fougue qui ne peut être simulée. Ils se disent quelques mots et remettent cela, le feu fait tourner ses trois couleurs, mais qu’importe, nos amoureux sont partis dans un espace où le temps n’existe plus. Je trouve cela beau, tellement beau que je ne fais même plus attention au débit sonore de mon interlocuteur. Je repense à cette chanson de Brel, Orly, les amoureux qui se séparent. Beau et triste. Peu importe que la séparation dure une heures ou trois jours, juste, l’on voudrait rester ensemble…

Et puis vient le moment du dernier regard, du dernier smack rapide dont le goût restera des heures sur les lèvres… Le feu vient de repasser au vert, un dernier regard, un dernier signe de la main comme pour dire, à ce soir…

Elle le regarde s’éloigner, et puis, quand il disparaît au loin de son champ de vision, elle se retourne et va vers le banc.

Je viens de raccrocher, regarde dans mon rétroviseur pour déboîter et là, je l’ai vu. Il s’est levé face à elle, plus grand que le motard, plus classe aussi, un autre genre. Elle lui a souri, et le long baiser langoureux qu’ils se sont échangé ne laissait aucun doute sur leur sentiment…

J’en suis resté baba, je suis un grand garçon, cela fait longtemps que j’ai perdu ma naïveté, j’aime bien à croire que je ne suis plus trop dupe des jeux de l’amour, mais là, cela m’a scotché !