— Alors mon petit Martin, vous vouliez me voir ?

— Oui Monsieur le Directeur, je voulais vous entretenir d’un sujet un peu délicat

— Bien bien, je vous écoute alors, que puis-je pour vous ?

 — Voilà, vous n’êtes pas sans savoir que cela fait maintenant 4 ans que je suis dans votre établissement...

— Oui, en effet, et je n’ai reçu presque que des éloges vous concernant !

— Sans me vanter, Monsieur, je pense avoir fourni les efforts nécessaires à mon travail, et bien souvent beaucoup plus, il suffit d'ailleurs de regarder mes résultats...

Le directeur jeta un œil dans le dossier de Martin, le récupéra et le remit dans son orbite, puis scruta son interlocuteur, en hochant la tête d’un air d'approbation...

— Voyez, je suis toujours dans les meilleurs, et puis les appréciations : excellent, bon travail, ne rechigne pas à la tâche...

— Bien, bien mon petit Martin, vous êtes un bon élément, mais, où voulez vous en venir ?

— Et bien voyez-vous, régulièrement depuis 4 ans, j’ai évolué d’année en année, comme on me le demandait, j’ai toujours été le premier, travaillant bien mieux et plus que la plupart de mes camarades, mais je n’ai pas l’impression que mon labeur est récompensé à sa juste valeur...

— Hmmm, hmmm

— Un établissement de prestige comme le vôtre ce doit de garder ses meilleurs éléments, sous peine de les voir partir à la concurrence, chez d’autre tout aussi prestigieux, mais qui j’en suis certain peuvent se montrer moins... économe...

— Rien que cela mon petit Martin, une augmentation en quelque sorte ? Assortie d’un petit chantage en prime ? Et dites-moi, au nom de quoi est-ce que je vous augmenterais ? Et comment je justifierais cela auprès de vos petits camarades ? Monsieur Martin, vous me décevez beaucoup, j’avais mis quelques espoirs en vous, comme le concours général par exemple, d’ici quelques années! Rappelez-moi, en quelles classes êtes-vous ?

— En troisième, Monsieur le Directeur...

— ET ALORS petit malappris, vous croyez qu’en troisième l’on est en droit de discuter son salaire ? Vous croyez franchement que vous êtes en position de mettre nos établissements en concurrence ? N’oubliez pas, Monsieur Martin, que c’est le ministère qui décide des émoluments, et votre augmentation, vous l’aurez... Si vous passez en seconde ! En attendant, vous me ferez quatre heures de retenues, avec un mot à signer par vos parents dans le carnet de liaison, et une petite dissertation sur le sujet suivant : « Peut-on travailler pour le plaisir et tout travail mérite-t-il salaire ? Travailler est-il un droit ou un devoir ? » Sur 8 feuilles minimum à me rendre dans une semaine ! Allez ouste retournez en classe !

— Oui... oui Monsieur le Directeur, excusez-moi Monsieur le Directeur...

C’est ainsi que la tête basse l’élève Martin rejoignit sa classe de troisième G...


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Petit texte dans le cadre des impromptus de cette semaine qui nous demandais juste un petit dialogue...