Tout commence toujours par le marché. Une bonne cuisine passe par les bons ingrédients ! 

En bonne ménagère, comme il dit, je les connais bien mes commerçants. Pour la blanquette, c’est Michel, 1 kg, sans os, dénervé, tendre, de la bonne came ! 1 bel oignon et ses clous de girofle, 2 poireaux, pour le blanc, l’éternel bouquet garni, des carottes et des champignons chez Jacqueline. Mimile s’occupe des œufs et de la crème fraîche, et puis au passage un bon morceau de gruyère suisse (le vrai, sans trou !). Avant de rentrer, il ne faut pas que j’oublie de passer chez Mamadou pour prendre ma commande... 

Il va l’avoir sa blanquette, son plat préféré, la blanquette de sa petite femme, la meilleure comme il dit, compte sur moi, cette fois-ci elle sera encore plus inoubliable que les autres, enfoirés !

J’aurais dû demander à Michel de me couper la viande en cube, j’ai oublié, pas grave, j’ai tout mon temps, plus elle mijote meilleurs elle sera... 

Mettre l’eau et attendre que cela bout...
 

Il est vraiment con, ne pas effacer ses SMS, Isabelle qu’elle s’appelle ! Le salaud...

Non, si je pleure, c’est l’oignon, c’est fini, je ne pleurerais plus sur lui, j’ai eu ma dose, je n’ai plus de larme à lui offrir, que de la haine... et ma blanquette...

Allez les 3 clous de girofle piqués dedans, faut encore émincer le blanc du poireau et couper les carottes.

Voila l’eau bout, on écume, on met le bouillon cube, carotte, poireau, bouquet garni, saler, poivrer et feu moyen, l’eau juste frémissante...

Et elle, dans ses bras, est-ce qu’elle frémit ? 

Le rapport du détective aussi est salé ! 

20 ans, elle a 20 ans. Lui, il a du fric et une femme de 45 ans... La salope...

Merde, j’ai failli oublier les champignons, il était temps, encore 20 minutes à petit feu... 

Lui, je n’aurais pas le courage de le cuisiner à petit feu, ce sera du lance-flammes, de la graine de dragon... 

Sa meilleure blanquette moi je vous dis ! Allez il est temps d’égoutter le tout, de réserver le bouillon et de faire la sauce...

 Ah vi, et le riz, ne pas oublier le riz...

Bon, un roux blond, un peu de bouillons dedans, les jaunes d’œuf, la crème fraîche et le jus de citron, assaisonner, remettre la viande dedans et faire mijoter...

Tiens le voila ...

-Bonjour mon chéri, je t’ai préparé une blanquette comme tu les aimes
-Oui, c’est cela, prends-toi un apéro...

Il put sa blondasse, des phéromones qui ne sont pas les miennes ! quesqu’il croit ? Que je ne me rends contre de rien ? Elle porte opium... elle le porte mal, ce n’est pas un parfum de blonde, en plus elle n’a aucun goût ! J’ai du nez moi, d’ailleurs sentez-moi ce fumet... 

Elle sent bon cette blanquette, je me suis surpassé, mais il manque la petite touche, juste dans son assiette, d’ailleurs, ce soir je sers à l’assiette, trois grosses cuillères de riz, on baigne le tout de blanquette et on n’oublie pas le contenu de la petite fiole de Mamadou. Il m’a juré que ce serait foudroyant, radical, imparable. 

Qui a dit que la vengeance était un plat qui se mangeait froid ? Chaud, c’est pas mal aussi...

« À table... Tu nous ouvres une petite bouteille ?

-Alors, elle était bonne ma blanquette ?

-Merci... aussi bonne qu’Isabelle ?

-Mais si, tu sais qui c’est, celle des SMS... Rappelle-toi... 

-Juste une amie ? Ben voyons ! Regarde ce rapport, 10 pages, avec des photos, prises par l’agence « Jesaistou », tiens regarde là, c’était ton voyage d’affaires à Londres ! Je ne savais pas qu’il y avait des palmiers à Londres... Au bord de la mer... Cela à bien changé Londres ?

-Chut ne dit rien, c’est trop tard... Tu vois cette fiole ? C’était du poison, et ce poison, et bien il est dans ton ventre maintenant

-Non tu ne vas pas mourir, c’est juste un élixir d’amour, fais exprès pour moi, maintenant tu ne vas plus être amoureux que de moi, tu ne pourras plus te passer de moi...

-Ne rigole pas, il y a un truc que j’ai oublié de te dire, je te quitte, et sans moi ta vie va être un enfer... Adieu Jean... »

Mouarfff un élixir d’amour, qu’est-ce qu’elle a été cherchée... et... et si c’était vrai ? Et si je ne pouvais plus me passer d’elle ? Non, ce n’est pas possible... Et si... reviens mon amour, revient, j’ai besoins de toi... reviens...

--

Ceci est ma petite participation culinaire aux impromptus de cette semaine...