Il ne devait pas être loin de 16 heures, c’était un samedi chez ma mère, les amis venaient d’arriver pour le thé. Juste une heure, comme cela, pour dire bonjour. Il y avait les trois petits avec eux, une fille et les deux garçons. À midi, ils avaient mangé avec la vieille tante, celle que l’on va voir de temps en temps parce qu’on l’aime bien. Les enfants, comme tous les mômes, ont envie de bouger, c’est normal, les convenances cela à des limites, surtout quand on est gosse. Le grand est fier, du haut de ces neuf ans il exhibe son beau pistolet, faisant pan pan à tout bout de champ. Rapidement, les parents les ont envoyés dans le jardin, mais l’odeur du gâteau les ramène vite dans le salon. Oh! pas plus calme, rassurez-vous…
— Julien, maintenant tu arrêtes avec ce pistolet, ou je te le confisque !
Ça, c’était le père, pas trop de succès, il faut bien le dire, le Julien il continue.
— C’est la tante qui lui a donné, c'est son vieux pistolet d’alarme, il est cassé et il traînait dans un tiroir, s’excuse la mère. Et le Julien il continue.
Il vient vers moi, me met le canon devant les yeux, et PAN t’est mort rigole-t-il en me regardant, il est heureux de m’avoir tué, et puis je lui demande de me prêter son arme. Il me l’a tend.
Dans le salon, les conversations vont bon train sur l’air du temps, les réussites scolaires et le prochain mariage de telles ou telles cousines.
Je soupèse l’engin, c’est un vrai, lourd. Mes connaissances en matière d’armement sont minces. Quelques vagues souvenirs d’un service militaire déjà en sursis, où démontage et remontage d’un FSA modèle 46, si je me souviens bien, n’avaient plus de secret pour moi. Sauf que cette arme n’était plus utilisée depuis longtemps, obsolète, mais bonne pour des biffins. Et puis aussi quelque tir au pistolet automatique. C’est tout.
Ce que j’avais devant les yeux ressemblait plus à ces pistolets de cinéma, le truc qui tient dans la poche, avec le chargeur dans la crosse.
Comme dans un bon vieux polar, mon doigt trouva naturellement le petit déclic qui le libérait. Il sortit de quelques millimètres de son logement, je tirais dessus et finis de le dégager. Il était dans ma main et mon regard fut attiré par les tubes de cuivre. Il était chargé !
Une à une, mon pouce les poussait dans ma paume. Six balles, pas bien grandes, qui à mon avis n’avaient rien d’alarme. Julien était face à moi avec cet air qu’ont les enfants qui viennent de comprendre qu’ils se sont fait pincer pour une quelconque bêtise. Je souriais, amusé par cette peur rétrospective. Et brusquement je m’aperçus du silence, tout le monde me regardait, le papa un peu blanc, allez savoir pourquoi…
Je vérifiais qu’il ne restait pas de balle dans le canon, appuyait sur la gâchette, il était bien cassé. Je tendis le pistolet au gamin. Il le regarda, et le tendit à son père. Décidément, je sais pourquoi je n’aime pas les armes à feu…
Quelque un veut encore une tasse de thé ?
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Ce billet est un souvenir resurgit suite à un billet de Kozlika. Pour ceux qui en douterais, cette histoire est vrai...
Haut les mains...
jeudi, 16 avril 2009. Lien permanent Des mots...
3 réactions
1 De Saint-Germain - 16/04/2009, 22:20
J'imagine très bien la scène, et surtout, surtout la décharge d'adrénaline et les sueurs bien froides, celles qui glissent le long de la colonne vertébrale en arrachant des frissons à tout le corps.
Là ou on se dit, cette fois tu as bien failli passez un sacré sale quart d'heure.
2 De mirovinben - 17/04/2009, 05:40
Si cette aventure a pu dissuader définitivement les participants à ce thé très "Agatha-Christien" de posséder une arme même inopérante, c'est une bonne nouvelle.
3 De gilsoub - 19/04/2009, 00:37
->St germain: Étrangement, même pas, autant je peux me retrouver dans des états pas possible avec des bricole, autant tu fais une catastrophe devant moi, et je regarderais la chose d'un air blazé Les mystère de l'esprit...
->Mirovinben: En plus ce n'était pas le genre à avoir des armes chez eux... là c'était le pistolet du gamin, un jouet...