"Au bois de Clamart, y a des petites fleurs… " chantait Brassens. Point de petites fleurs encore, mais cela va viendre. Bientôt. Un beau soleil, pas grand-chose à faire, voici réunis les ingrédients pour une petite ballade nostalgique dans la forêt de mon enfance. Je crois que j'en connais pas mal de recoins, de sentiers. Je l'ai parcouru en long, en large, à pied ou à vélo (et même à Mobylette, mais chut, c'était interdit !). Seul ou accompagné. Et j'aime bien m'y balader encore et encore…
C'est qu'elle n'a pas beaucoup changé depuis mon enfance, les tracés sont les même, et les cyclistes empruntent toujours les mêmes petits sentiers pleins de bosses. Seuls les vélos sont différents ! Il y a bien la tempête de 99 qui a fait pas mal de dégât, encore visible aujourd'hui, mais pour le reste…
Pour la première fois ce bois devient un argument électoral, manque d'entretiens crie d'une voix d'orfraies l'opposition, mais avec nous vous allez voir… C'est la faute à l'ONF répond en cœur la majorité, s’il ne tenait qu'à nous… Mais dans tout cela, nul ne sait ce qu'ils voudraient faire de cette forêt, miraculeusement protégée de tous les promoteurs depuis des décennies, et ce ne sont pas les projets qui ont manqué ! Heureusement, des associations actives étaient là. Aujourd'hui cette forêt devient un argument pour la seule ville de région parisienne qui peut se targuer d'avoir son bois qui arrive en son centre.



Mais je digresse, je digresse...
Donc je me baladais dans cette forêt familière, qui porte encore ses atours d'hivers, regrettant la disparition du vieux fort en rondin au nom de la vétusté et des normes de sécurités de plus en plus draconiennes.




Je me dis c'est fou ce que les enfants d'aujourd'hui peuvent être fragiles. Le vieux fort avec son étage et sa tour, que l'on pouvait escalader, sauter, grimper, défendre, c'était quelque chose. Certes les gadins et les bobos furent légions, mais que voulez-vous, il fallait bien que l'on se défoule, et quand l'un d'entre nous allait se plaindre à un parent de passages, il s'entendait répondre qu'il n'avait qu'à faire attention. Bon faut dires que nos parents étaient rarement là, à 10 ans l'on n’avait pas besoins d'eux pour aller jouer au bois ! Même si des fois les grands nous embêtaient ! On n'était des Cow-Boys, des vrais, ou alors des Indiens cela dépendait des jours et de qui arrivait le premier au fort. Et puis les camps indiens n'étaient qu'à 50 mètres… Bref, ce fort fut détruit au nom de la modernité des normes et des parents procéduriers qui préfèrent voir dans un bobo la responsabilité d'une institution plutôt que leurs responsabilités, celle du gamin et du pas de chance. Il fut remplacé par cela :



Quelques centaines de mètres plus loin, bien sous les lignes à haute tension. Quand je regarde ce truc, d'une banalité affligeante, bien entouré de barrières, des fois qu'un morveux voudrait s'évader, je plains les enfants d'aujourd'hui. Parqué, interdit de courir, rien pour éveiller l'imagination. Juste de quoi se dépenser un peu avant de retrouver la télé ou la console de jeux…

Mais bon je m'égare encore dans mon discours de vieux con nostalgique…

En parlant de vieux cons, justement, ce qui est à la base de ce billet, c'est ce couple de senior que je dépassais tranquillement en écoutant d'une oreille égarée leurs conversations :
"Je leur ai dit à la mairie de goudronner ce chemin, parce qu'il est vraiment casse-gueule, mais ils ne veulent pas m'écouter ! Ah moi je te le dis, ils n'auront pas ma voix !"
Mieux vaut entendre cela que d'être sourd, voilà que maintenant il voudrait goudronner la foret pour leur confort. Moi, je le jure, le premier maire qui fait cela, il perd ma voix pour toujours, non mais ! Pas fou non?


Voilà le chemin que monsieur voudrait faire goudronner !