Assis sur mon lit, je relisais cet étrange faire part. Il prêtait à rire aussi bien dans sa forme que sur le fond et pourtant j’avais envie de pleurer. C’était une sorte de papier cartonné, légèrement granuleux et jaunâtre, plié en deux dans sa largeur. Sur sa première face, l’on pouvait y voir un dessin de style vieillot représentant 2 cœurs entrelacés faits de fleurs, il s’en échappait ce qui pouvait ressembler à 2 colombes. Juste au-dessus cette sentence maternelle garantie pure jus : « l’amour est notre loi… » Et en dessous des Cœurs, en réponse, « Dieu nous y aidera ! ».
Il est certain que sur ce coup-là, je vais avoir besoin de son aide ! Il va falloir que je révise sérieusement ma liturgie !

- Alors frangin, dans la merde ?
- Pas plus haut que la tête ! Tu parles d’une galère : un an pour trouver l’âme sœur et se marier ! Une idée ?
- Au choix, dire non à maman, prier le bon dieu ou trouver une fille jeune et belle, qui te trouve jeune et beau, et qui à un urgent besoin de se marier avec toi dans l’année. Simple non ?
- On ne peut plus clair ! Et cette perle rare, tu la trouves comment ?
- Vu qu’il y a peu de probabilité qu’elle te saute au cou alors que tu te promènes dans la rue, je pense qu’il va falloir que tu donnes un peu de ta personne, que tu la cherches, que tu retournes la ville dans tous les sens, que tu dragues quoi !
- C'est bien ce qui me fait peur ! Tu me donnes un coup de main sœurette ?
- OK le frangin, sus à l’amour…
Bon, j’étais déjà deux dans ma quête, cela devrait bien m’aider, mais ce n’était pas gagné d’avance. Dans les jeux de l’amour, jusqu’ici, j’avais plus compté sur le hasard et la bonne volonté de rencontre fortuite, que sur mes dons de séduction. J’étais plutôt du genre solitaire timide invétéré. Ce qui ne facilitait pas les choses. Je n’ai jamais appris les artifices de la conquête amoureuse. Astrid était plus au fait de ce genre de chose. Elle ne comptait plus les papillons tombés dans son filet. Elle avait la manière et l’assurance nécessaires à ce genre d’exercice. Du moins me semblait-il !