samedi, 12 novembre 2011

La danse du hibou…

L’inspecteur regardait la scène d’un œil légèrement interloqué. Il en avait vu des choses étranges dans sa carrière, mais là…

« C’est à cause de nos vieilles traditions, Monsieur l’inspecteur, décréta le maire. Voyez-vous dans nos campagnes tout tourne autour d’ancienne croyances pour expliquer l’étrange ! Et puis que vous le vouliez où non, malgré la modernité, la télé ou les satellites, quand il faut une explication, et bien l’on revient aux vieilles histoires ! »

 L’inspecteur hocha la tête sans montrer plus d’intérêt à son interlocuteur, il cherchait un détail, quelque chose…

« C’est à cause de ses yeux, toujours grands ouverts, de son air sauvage, de sa façon de vivre en ermite dans la forêt, de sortir à la nuit que les gens l’ont appelé comme cela ! Ici, personne ne l’aime, et tout le monde en a peur. Toutes les mauvaises choses qui arrivent, c’est Sûrement un peu à cause de lui ! »

— Et vous ? Vous y croyez à toutes ces légendes ? Demanda le flic sans détourner son regard de la scène…

« Je ne sais pas, mais ne vous moquez pas ! Vous les gens de la ville vous ne pouvez pas comprendre !

Tenez, chaque mois, à la pleine lune, il sortait sur la colline, tout là-haut, il y faisait un feu géant et dansait pendant des heures en criant, chantant, psalmodiant, hululant même ! La danse du hibou qu’on l’a appelé ! La fameuse danse du hibou…

Les gendarmes n’ont jamais osé intervenir, pourtant, il n’y a pas le droit de faire de feu dans la forêt !

Et souvent le lendemain, il se passe des choses étranges ! De la grêle qui détruit les cultures, le camion du boulanger qui finit dans le fossé… »

- Et toutes les filles du village enceintes pendant que l’on y est ?

« Vous vous moquez, mais on dit qu’après sa danse, il lui faut une vierge ! Qu’il part en chasse à travers la campagne, ramène sa proie à sa tanière, lui fait des choses… Je vous laisse imaginer… Vous voyez quoi ! Enfin c’est ce qu’il se dit… »

-Hum, et c’est vraiment vrai cette histoire ?

« Je ne sais pas, pour les vierges, disons que cela à pus servir d’explication de bon aloi pour certaine jeune fille ayant fauté… »

-En résumé, l’on peut dire que ni les mères, ni les pères, ni les paysans, et encore moins le boulanger ne l’aimaient ?

« Oui ! On peut dire cela ! Mais bon… Vous savez c’est une tradition ici de clouer des corbeaux ou des chouettes sur les portes de ceux que l’on aime pas ! c’est pour leur envoyer le mauvais sort ! Et ce soir c’est la pleine lune…»

-Oui, mais là vous avouerez que c’est un drôle de volatile ! Il change de l’habituel et vous comprendrez que je m’en occupe d’un peu plus prêt !

L’inspecteur regardait le hibou, comme on le surnommait ici, Valentin Dumont pour l’état civil, toujours cloué sur la porte, nue, les bras en croix, la langue pendante, un joli nœud, façon paquet cadeau, fait d’un joli ruban violet autour du sexe…

-Dite moi Monsieur le maire, une question me turlupine ! Violet… Pourquoi violet le ruban ?

Monsieur le Maire haussa les épaules…

L’inspecteur fit signe aux deux agents de l’identité judiciaire qu’il pouvait enfin le décrocher…

En bon poulet, il se dit qu’il y avait vraiment de drôle d’oiseau dans le coin…

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Ceci est ma participation aux impromptus de cette semaine, dont le thème est la danse du hibou…