Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve que cette photo va bien avec cette petite histoire, pas vous ?
Rouge-Gorge - Jullouville Juin 2011
Grand, dégingandé, la frimousse juvénile, quelques boutons de si de la, les cheveux en bataille dans un chaos savamment organisé. Il s’est assis là et a commandé un diabolo grenadine. Il n’ose pas le boire, il attend, l’œil attentif à toutes les allées-venues sur la terrasse, il triture nerveusement sa paille qui laisse perler quelques gouttes rouges…
La voilà !
Elle est belle forcément, elle a mis une jupe et une chemise laissant à peine apercevoir le début vallonné d’une poitrine prometteuse. Un large sourire répond à son signe de main. Elle s’approche de la table, il se lève. Une bise, sur chaque joue et chacun s’assoit, face à face…
Elle prendra une menthe à l’eau…
Depuis le temps qu’il attendait cela, il avait enfin osé l’inviter.
Les yeux dans les yeux, ils se regardent, l’on sent qu’ils auraient plein de choses à se dire. Le silence devient pesant, toutes les belles phrases mille fois ressassées restent au fond de la gorge. Alors il parle de l’école, du prof de gym, de lui, de ses parents, elle répond…
Ils se racontent des banalités, jusqu’à ne plus savoir quoi raconter…
Non pas qu’ils n’aient plus rien à se dire, au contraire, ils en auraient des milliers, des douces, des agréables…
Justes qu’ils ne savent pas se le dire, qu’ils n’osent pas…
Ils se regardent toujours
aller vas-y !
Non, ce n’est pas le moment… Attendre encore un peu, être certain…
Et s’il lui dit ? Si cela cassait tout ?
À moins que ce soit elle qui veut lui dire ?
Ah… Si elle pouvait lui dire… Oui, mais non, ce n’est jamais les filles qui commencent… Vincent le lui a dit l’autre jour, et Vincent c’est un tombeur, alors…
Ils respirent un grand coup !
Elle respire un grand coup !
Pauline… heu… faut qu’on y aille on va rater la séance… non, laisse, je paye… OK, la prochaine fois ce sera toi…
Et ils sortent, cote à cote, un peu gêné, à distance réglementaire l’un de l’autre…
Il voudrait lui prendre la main, mais… au cinéma, peut être en profitant de l’obscurité…
Ils s’éloignent.
Ce que l’on était bête quand on était ado !
Ouais, quand on était ados…
Parce que maintenant…
Ah maintenant…
Et la version sonore…
