dimanche, 1 août 2010

L'arabe du coin…

Voici un petit texte que j’avais écrit pour les impromptus, le 27 juillet 2008. Je suis tombé dessus par hasard aujourd’hui, et je le trouve d’une actualité folle par les temps qui courent où le pouvoir en place s’essaye aux jeux dangereux de la xénophobie et des têtes de Turc pour cacher leurs propres inefficacités…

Il s’agissait de faire un petit texte sur la photo…

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— C’était sur cette plage que ta grand mère m’a demandée en mariage, c’était un 2 juillet… En 1990…
Il sourit en jetant en regard en coin à son petit-fils qui fixait l’écran de l’ordinateur. D’un doigt sur le bureau, Gaëtan choisit une autre image au hasard.
— Et ça, c’est quoi papi ?
Il sentit une boule monter dans sa gorge, il ne sait plus pourquoi il avait pris cette photo, peut-être pour le caniveau central, c’était l’époque où il était étudiant en architecture ; ce qui lui faisait mal c’était le magasin, le bout de magasin à droite…
— C’était chez Ali, l’arabe du coin comme on disait alors, ouvert jusqu’à trois heures du matin… C’était le bon temps…
— L’arabe ? Tu as connu des Arabes Papi ?
— Eh oui, il y en avait beaucoup à l’époque, c’était avant la nouvelle ère, avant le mois des Grands Charters… On ferait bien de parler d’autre chose, si on nous entend…
— Mais vous n’aviez pas peur ? Parce qu’à l’école, on nous a dit…
Papi s’énerva brusquement…
— Ils ne racontent que des foutaises à ton école ! Tout cela ce n’est rien que du mensonge et de la connerie, de la propagande gouvernementale ! Il va falloir que tu apprennes à réfléchir par toi-même et non pas sur ce que les autres te disent ! Ali et tous les Mohamed c’était des copains, des potes et puis on était bien content quand on rentrait tard et que l’on avait faim de trouver une épicerie ouverte…
— Papi ? C’est quoi une épicerie ?
— …

Le corps de l'écrivain…

Quand elle ouvrit la porte, le commissaire trouva qu’elle faisait jeune pour son âge… D’ailleurs, qu’elle âge pouvait-elle bien avoir ?

Elle était belle, pas très grande, tirant dans le châtain clair limite blond, un sourire espiègle et des yeux bleus perçants, un décolleté prometteur attirant le regard masculin et un 501 serré sur un cul rebondi achevait le tableau. Quel dommage que tout cela aille se perdre, au fin fond d’une geôle pensa-t-il !

La pièce était immense, les murs tapissés de pages de livre. Peu de meubles si ce n’est un canapé et une table basse recouverte de bouquin. Au sol une moquette blanche à longs poils, qui aurait dû être immaculé si ce n’était les taches rouges à côté du corps de l’écrivain. Il avait peu saigné, mais suffisamment pour donner un petit coté morbide à la scène !

-C’est moi qui l’ai tué, déclara-t-elle, avec le chandelier, dans ce salon… juste un coup bien sec, là, sur la nuque.

Elle montra bien l’endroit et l’arme par destination, comme ils disent dans leur rapport.

Le commissaire trouvait que l’ex-scribouillard n’avait pas de chance ! Être reconnus comme un des meilleurs dans le monde du polar, le spécialiste des intrigues à rebondissement, aux multiples suspects, pas moins de 300 pages pour enfin confondre le coupable, et paf, quand c’est son tour d’y passer, cinq minutes montre en main, c’est bouclé, et un rapport qui, si la paperasserie ne s’y mêlait pas, ferait à peine 3 pages.

Il regardait le macchabée. Ni beau, ni moche, juste le commun des mortels que l’on croise à la boulangerie du coin. Il songea qu’il faudra changer la moquette, le sang, cela ne part pas !

-Et pourquoi l’avez-vous tué ?

-Il me trompait, toutes les nuits, avec ses héroïnes, ses chimères de papier, il n’y avait plus dans ses rêves que de la place pour elles, cela fait bien longtemps qu’il ne me voyait plus les yeux fermés… 

Mouais, ben ce n’est pas avec des enquêtes de ce genre que je vais devenir un héros de papier se dit-il en faisant signe aux deux policiers en uniforme d’emmener madame…

Il ne regrettait qu’une chose, c’est que l’écrivain n’était plus en état de lui dédicacer son dernier «Série noire» …

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Bien entendus tout ceci est pour le dernier impromptus de la saison ;-)

Météo bretonne…

Bretagne - Juillet 2010

Météo bretonne