lundi, 10 novembre 2008

Ce n'est qu'un début...

Le plus impressionnant, c’était certainement la sortie du port, dans le long chenal qui amène à la pleine mer. Ces milliers de gens qui vous applaudissent sans vous connaître, cette ferveur populaire qui vient vous toucher au cœur. Mélange de sentiment. L’euphorie du départ, moment attendu depuis si longtemps, 3 ans de préparation pour êtres précis. Et puis la tristesse de laisser des gens à quai. Pleurs et larmes. Regard d’espoir et de désespoir de ceux qui vous aiment, et qui redoutent de peut-être ne jamais vous revoir, parce qu’ils savent ce qui vous attend. Les mêmes qui vous ont aidé, poussés dans les moments de doutes à ne pas faiblir, alors qu’aujourd’hui ils préféreraient simplement que vous renonciez. Mais ils ne l’accepteraient pas non plus… je pars pour trois mois de folie, trois mois de plaisir, trois mois de difficulté, trois mois d’enfer, trois mois de solitude, trois mois pour réaliser mon rêve.

Machinalement je salue la foule, ces milliers de gens justes venus nous admirer, m’admirer. Je suis déjà en train de penser à ce qui va falloir que j’accomplisse ces prochaines vingt-quatre heures. Manière de résister à cette envie subite de trouver une bonne raison de tout arrêter, juste pour faire passer cette boule, là, au creux de mon estomac ! J’ai beau regarder autour de moi, tout à l’air parfait, préparé au mieux ! Et puis tous ceux qui ont travaillé pour que je réalise mon rêve, je ne peu pas les décevoir ! Il faut au moins que je parte !

Voilà, c’est fait, le chenal est passé, les cris et les vivats ne sont plus pour moi, mais pour le suivant, mon ami, mon camarade de galère, et pourtant mon adversaire. Jo me regarde, d’un regard il me montre la grand-voile encore ferlée sur sa bôme. Juste un hochement de tête, pour lui dire va, grimpez là en haut du mat, non pas en haut ! Un ris quand même, il y a du vent, encore 2 heures à faire des ronds dans l’eau avant le départ, pas de risque. Et puis je ne vois plus rien. Les équipiers s’occupent de tout, ils me calculent même le cap à prendre pour le début, je regarde le balai des bateaux de spectateurs, les hélicoptères qui nous tournent autour tels des moustiques, et brusquement plus qu’une envie, être seul, tout quitter, cap à l’ouest, et ne revenir que dans trois mois ! Que cela finisse, ces dernières minutes sont les plus dures. Joe vient me dire que c’est bon, le bateau est dans l’axe, j’ai plus qu’à laisser faire, normalement je passerais la ligne en temps et en heure, juste à vérifier les réglages… Il me sert dans ces bras et me souhaite bonne chance, les autres me serrent la main, dans leurs regards je sens de l’admiration et une certaine envie, celle d’être à ma place. Ils sautent dans le Zodiac… Voila je suis seul… du moins sur mon bateau… parce que sur l’eau… La peur permanente de la collision celle qui tuerait d’un coup le rêve de toute une vie ! Une simple collision… Je surveille l’avant, la ligne se rapproche, la VHF distille le compte à rebours… 5, 4, 3, 2, 1, c’est parti, la ligne est encore dix mètres devant…. c’est parti pour trois mois… plusieurs heures sur ce même cap, tout à l’Ouest… Bientôt les bateaux accompagnateur font demi-tour. La terre disparaît petit à petit dans la brume, seul autour de moi se trouve la silhouette de mes 29 compagnons d’aventure… 

Petit à petit il n’y a plus que le bruit du vent dans les voiles, le sifflement de l’eau le long de la coque en carbone… 5 mm d’épaisseur, ma vie tient à 5 mm… Putain, pourquoi je pense à cela moi ! Comme prévu, la houle se creuse, le vent grimpe, j’ai bien fait de partir sous toilé. Je ne me crèverais pas d’entrée de jeux. Le golfe de Gascogne nous attend. On est déjà prévenus, cette année il a décidé que le ticket de passage serait cher… J’ai mal au cœur, pas encore amariné, le bateau secoue, c’est une horreur. Bon aller, je vais me forcer, juste une soupe histoire de boire du chaud, la nuit va être dure…

Putain, encore trois mois, mais qu’est-ce que je suis venu faire dans cette galère moi ?

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Bon, vous savez quoi ? Les inscriptions sont encore ouvertes pour la Vendée globe virtuel ! Venez me rejoindre, avec mes potes, Emel et Carboniere I, et puis mon second bateau, Reinette. Ce n’est pas difficile, pas besoins de connaître grand-chose à la voile, mais il y a un lot pour les meilleurs ;-) Allez hop, venez nous rejoindre !



Vendée Globe Virtuel