C’était le soir béni où l’air était tiède et sentait la montée de sève. Le soir attendu où la fenêtre était enfin ouverte et où je brûlais d’envie d’être en manches courtes. Je regardais avec bonheur tomber les flocons de neige, et le jardin devenir blancs. Un petit cocktail exotique et explosif à la main, fabrication maison… Ce petit courant d’air sentait bon l’alizé si seulement…

— Mais putain de bordel de merde, tu n’es pas malade ? Il fait moins trois degrés dehors. Tu vas me fermer cette fenêtre !
— Ah cool, t’es rentrée, tu vas bien chérie ?
— Non je ne vais pas bien, une journée de merde, des clients de merde, un temps de merde, et je rentre chez moi et retrouve mon mec en bermuda et tee-shirt en train d’attraper la mort allonger sur une chaise longue face à la fenêtre ouverte ! Mais… c’est quoi cette odeur ? Tu t’es remis à fumer ?
— Non c’est juste un petit pétard…
— C’est pire que je pensais, j’avais bien remarqué un certain retour aux années soixante-dix, mais là ! C'est carrément de la régression! Tu vas me foutre cela à la poubelle, tu vas prendre une douche, et l’on recausera de cela quand tu seras redescendu sur terre ! Un pétard, à 45 ans, on aura tout vu !
— Ben c’était pour rendre services…
— Pardon ?
— Ben ouais, j’ai trouvé cela dans la chambre de ton fils, et comme je ne veux pas que ton fils se drogue…
— Heu je te signale au passage que c’est le tien aussi, où alors il y a un truc qui m’a échappé ! Allez sous la douche… Ah tiens Mathieu tu tombes bien, j’ai deux ou trois trucs à te dire !
— Pfffff, des fois j’ai l’impression que ma femme manque de poésie, elle est trop matérialiste…

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Voici ma participation au Sablier Givré grain 7, un incipit sur une proposition de Lyjazz...