Lundi, je fus pris d’un grand coup de blues. Alors je suis allé faire un tour du côté de mes balades adolescentes.

De cette époque insouciante, où tellement persuadé qu’il ne m’arriverait que des bonnes choses, je préférais des fois sécher les cours pour courir les rues de Paris sans but aucun, où je me jetais dans une bouche de métro pour en ressortir quelques stations plus loin, simplement parce que je trouvais le nom joli. Que de découvertes de petites impasses improbables le long d’avenues encombrées, de passages secrets débordant de magasins mystérieux, où il faisait bon se mettre à l'abri les jours de pluie, de courettes fleuries derrière des porches banals. Et puis des fois, le soir, alors que les braves gens normalement constitués éteignaient leurs télévisions, pour s’attaquer à un sommeil réparateur, une bande de fou partait à la conquête des souterrains mystérieux de la capitale. Armé d’un plan, plein d’annotations diverses et mystérieuses, les pieds dans la boue ou dans le sable, nous longions les rues 20 mètres sous terre, à la seule lueur de nos lampes acétylène à l’odeur si caractéristique. Passant allégrement de la pause casse-croûte de la salle de la plage, à la salle aux minéraux. D’une allée large, aux boyaux où il fallait se courber. Nous ressortions fourbus, au petit matin, surgissant d’une plaque d’égout, devant l’œil effaré de quelques travailleurs matinaux qui se demandaient s’ils étaient bien réveillés ! Et si aujourd’hui, l’autorité y a remis bon ordre en bouchant et détruisant, au nom de la sacro-sainte sécurité, ces lieux magiques remplis d’histoire, il n’empêche que c’est ce Paris, que ce soit celui du dessus ou du dessous, qui reste pour moi le vrai Paris, celui de mon adolescence…

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Voici ma participation au Sablier Givré , un incipit sur une proposition de Malgven ... et provenant d'un billet du blog de Zub